Ce test est né de la constatation, après avoir beaucoup échangé avec les jardiniers amateurs de tous types, de leur intérêt pour les boutures. Certains n'avaient aucune idée du fait que l'on puisse cloner un végétal par cette méthode, d'autres souhaitaient sauvegarder une espèce particulière, ou palier à des problèmes de maladies par exemple.

 

La plupart du temps, il est conseillé d'utiliser un verre d'eau et de laisser tremper la bouture dedans en attendant l'apparition des racines, ou rempoter directement une tige en terre. Ces méthodes fonctionnent, mais le taux de réussite n'est pas toujours de 100%, et parfois les boutures ne prennent tout simplement pas.

 

Pour que ce test soit digne d’intérêt, il nous fallait des espèces supposées compliquées à bouturer, ou qui n'avaient jamais été bouturées de cette manière à notre connaissance, mais aussi plusieurs méthodes de bouturage, et un éclairage supposé adapté, le tout avec un coût raisonnable.

 

 

Environnement

 

Box

Pour cette série de test, nous utiliserons une box (ou armoire) de culture de taille réduite : 60 cm X 60 cm X 120 cm de haut, une Homebox XS. Celle-ci sert actuellement à cultiver des cactus, des plantes carnivores et un plant de pitaya (fruit du dragon) à l'aide d'un Kessil H150 Blue (30 watts) , très efficace jusqu'à aujourd'hui.

 

 

 

Nous n'avons pas besoin de toute la hauteur de la box, nous allons donc diviser l'espace en deux. Pour cela, une table premier prix d'un fabricant suédois (modèle Lack) sera la solution la moins chère et la plus rapide. Les boutures prendront place sous cette table qui fait environ 45 cm de haut.

Pour faire proprement circuler l'air dans cet environnement, il y a un extracteur d'air qui tourne en permanence à très faible vitesse pour éviter tout bruit parasite. Sans extraction, des couches de CO2 se forment et c'est un élément négatif pour toutes les plantes, même s'il n'est pas primordial. Il permet aussi l’évacuation de la chaleur, mais ce n'est pas son objectif principal, les barres ne dégagent que peu de chaleur.

Cette installation se trouve dans une pièce dont la température se situe constamment entre 16°C et 22°C.

 

Éclairage

Les boutures n'ont pas de besoins lumineux importants, et pour que cette expérience soit reproduisible par tous, nous avons décidé d'utiliser des rails de LED d'origine chinoise, vendues par Shenzhen Houyi Lighting, à faible coût. Il s'agit de deux rails de LED de 55 cm qui consomment une vingtaine de watts chacun d’après le wattmètre. Il existe également des modèles en 85 cm et 115 cm. Ceux que nous utilisons sont constitués de 4 LED bleues et 14 LED rouges, dont on ne connaît pas précisément les fréquences. Aucune idée non plus de la durée de vie de ce matériel.

Elles sont protégées par une plaque de plastique transparent et la fixation au dessous de la table se fait via 2 petits supports fournis à l'achat. Ils sont inclinables jusqu’à 90° de chaque coté, ce qui a été très utile dans notre cas.

 

 

Ces rails remplacent un bloc de tubes fluocompacts (appelés parfois à tord néons) vieillissant qui consommait 110 watts ou 55 watts suivant que l'on utilisait un tube ou les deux. Non seulement, on diminue drastiquement la consommation, mais ces nouveaux rails sont étanches, ce qui ne sera pas de trop vu l’hygrométrie qui risque d'exister aux alentours.

 

Il a été décidé d'utiliser un cycle de 18 heures de lumière par jour. Il est possible de faire moins, jusqu’à 14 heures, mais cette valeur permet de se caler sur le cycle existant du Kessil H150 Blue situé au dessus. Nous déconseillons un cycle de 24 heures car il n'apporte pas d'avantage et consomme de fait plus d’énergie.

 

 

Matériel de bouturage

C'est sans doute le point qui sera le plus intéressant pour ceux qui connaissent les méthodes de bouturage classiques mais qui souhaitent aller un peu plus loin. Nous allons donc utiliser une bouturette dite hydroponique. Certains pourront arguer qu'il s'agit d’aéroponie, mais je pense qu'on est entre les deux, ce n'est un flux d'eau mais ce n'est pas non plus de la vapeur d'eau.

 

 

Le principe est le suivant :

Dans une boite en plastique opaque, on installe une pompe à eau, qui, via des asperseurs rotatifs, va constamment envoyer de l'eau dans toutes les directions à l’intérieur de la boite. L’hygrométrie sera donc en permanence proche de 100% à l’intérieur.

 

 

Des trous sont pratiqués sur le dessus, où est située une plaque amovible, opaque également. Dans ces trous, on place de petits paniers troués avec un cercle de mousse qui ferme le panier sur le dessus.

Les boutures sont placées au milieu de chacun des cercles de mousse de telle sorte que le haut de la bouture soit au dessus, et la partie coupée de la bouture en dessous. Ainsi, la partie coupée reçoit en permanence des gouttes d'eau et le haut de la bouture est constamment au sec et à la lumière.

 

 

 

Notre bouturette de test est composée de 24 places, réparties en 4 lignes de 6 colonnes.

 

Si vous cherchez le terme "bouturette hydroponique" sur Internet, vous tomberez sans doute principalement sur des pages qui vous renvoient à la culture du cannabis, interdite dans notre pays. Mais cette technique hydroponique est très efficace, il serait dommage de passer à coté de cette technologie sous ce prétexte. Si cela marche, pourquoi s'en passer ?

 

 

Substrats

Pour étendre les résultats potentiels de ce test, 4 substrats seront utilisés :

 

Paniers vides

C'est la méthode qui est préconisée pour ce matériel et donc celle que j'utilise depuis son achat. Elle a toujours donné de bons résultats et à l'avantage de ne rien coûter à chaque nouvelle session de boutures.

 

 

 

Paniers remplis de billes d'argile

Matériel emblématique de l'hydroponie, elles permettent de garder une humidité importante en leur sein. Cela évite aussi que la gouttes touchent directement la partie coupée. Elles ont simplement été passées à l'eau pour enlever la couche de poussière fine qui les recouvrait.

 

 

 

Paniers remplis de tourbe blonde

Quasiment tous les amateurs de plantes carnivores utilisent ce substrat pour leurs protégées. Elle a une très bonne capacité de retention d'eau et donne un substrat plus consistent que les billes d'argile. Pour éviter que la tourbe ne se délite et tombe à travers le panier, un mouchoir en papier tapissera le fond de celui-ci avant de recevoir la tourbe.

 

 

 

Paniers remplis de Sure-To-Grow, un substrat hydroponique

Ce substrat est très peu connu des jardiniers qui ne pratiquent pas l’hydroponie. Je le considère comme le successeur de la laine de roche, parfois encore utilisée dans ce genre de culture. Son prix est élevé par rapport aux autres substrats, mais il a l'avantage d’être réutilisable en grande partie.

 

 

Pour que ce test soit le plus parlant possible, nous n'utiliserons pas d'hormone de bouturage, nommée auxine, ni sous forme de poudre, ni sous forme de gel. D'autres part, nous utilisons de l'eau du robinet, qui n'a pas reposé et sur laquelle aucun changement n'a été opéré.

 

 

Cobayes

 

Passons maintenant à la présentation des végétaux qui subiront ces tentatives de bouturage. Tout les cobayes ont été prélevés en 4 exemplaires, supposés égaux. La coupe est faite en diagonal, pour maximiser la surface de contact avec l'eau.

 

 

Olivier

L'olivier est réputé délicat à bouturer. En général, on conseille de couper un rameau bien plus grand que celui que nous avons utilisé et, soit l'enterrer aux deux tiers , soit le mettre dans un bac  de bouturage.

Il faut normalement attendre plusieurs semaines avant de valider la bonne réalisation de la bouture. J’espère que nous n'aurons pas à attendre autant pour avoir des résultats positifs.

 

 

 

Citronnier

Délicat également, le bouturage de citronnier se faire principalement en mini-serre, avec des hormones de bouturage. Il faut donc planter la bouture en terre après utilisation de l'hormone. Nous nous passerons de ces deux elements.

 

 

 

Rosier

Le bouturage des rosiers n'est pas impossible mais il se fait normalement pendant l'été. Nous, ce sera mi-Novembre, certainement un obstacle de plus.

 

 

 

Pinguicula

Pas franchement compliquée dans de la sphaigne, le bouturage de Pinguicula se prête relativement bien à ce genre d’expérience d’après les ressources trouvées sur Internet.

 

 

 

Népenthès

Normalement, la prise de la bouture se faire dans de la sphaigne vivante que l'on enroule autour de la partie coupée pour qu'elle reste humide. Le bouturage par hydroponie à l'air de bien fonctionner également.

 

 

 

Dionée

Les ressource sur le Net ont l'air de montrer que les différentes expériences sur les dionées n'ont pas été concluantes.

 

 

 

Installation

L'installation de la bouturette et des cobayes a été rapide et n'a pas posé de problèmes particuliers.

Il faut simplement faire attention à manipuler les boutures avec précaution et ne pas trop attendre pour les installer après les avoir coupées.

 

Voici les differents substrats une fois installés.

 

Voici une image globale de l'installation terminée.

 

 

 

Après cette présentation de notre nouveau test, il faudra attendre sans doutes quelques semaines (avec un peu de chance quelques dizaines de jours). Il m'est arrivé de voir apparaître des racines sur des boutures de tomates en 6 à 10 jours. Est-ce que ce sera la cas pour nos cobayes ? Réponse prochainement ...

 

Les premiers résultats à J+15 sont accessibles ici.